La France s’apprête à présenter au Conseil de sécurité de l’ONU une résolution sur le partage de la « Palestine » qui donnerait Jérusalem comme capitale d’un éventuel État palestinien. Mais de quoi j’me mêle ?
Les Français qui prétendent que les Israéliens « occupent » illégalement la Judée et la Samarie ne devraient-ils pas d’abord balayer devant leur cour et regarder leur occupation illégale depuis des siècles de l’Occitanie ?
Hé pécaïre ! Et encore ! Je ne parle pas de la Bretagne ou de la Corse !
Mais comme l’occupation illégale de l’Occitanie concerne mes ancêtres, j’aimerais en parler.
Bref retour historique : La croisade dite « albigeoise »
Située entre la mer Méditerranée et l’océan Atlantique, s’étalant des Alpes aux Pyrénées et au Massif central ; l’espace occitan a été presque de tout temps en opposition avec l’espace français.
La littérature occitane avec ses troubadours a inventé l’amour courtois (fin’amor). La langue d’Oc était utilisée dans tous les milieux cultivés européens.
De 1209 (lancement de la croisade par le pape Innocent III) jusqu’en 1229, il fallut vingt ans de guerre et de tractations entre trois papes (Innocent III, Honorius III et Grégoire IX), trois rois de France (Philippe Auguste, Louis VIII et Louis IX) et deux comtes de Toulouse (Raymond VI, Raymond VII) pour finalement éliminer le catharisme du Languedoc.
Le Pape Innocent III avait clairement signifié à Philippe Auguste qu’il l’encourageait à intervenir en pays albigeois et que surtout il n’hésite pas à confisquer « les biens des comtes des barons et des citoyens qui ne voudraient pas éliminer l’hérésie de leurs terres ou qui oseraient l’entretenir ».
« Ne tardez pas à rattacher leur pays tout entier au domaine royal.. » écrivait Innocent III à Philippe Auguste, allant jusqu’à lui promettre des indulgences comme pour ceux qui allaient se battre en Terre sainte.
Malgré cela, Philippe Auguste ne s’était pas empressé d’intervenir, trop occupé par les affaires de Flandre et la lutte contre Jean sans Terre.
Ce ne fut qu’en 1219 qu’il autorisa enfin son fils à se croiser.
Mais il fallut attendre le règne de son petit-fils. Louis IX pour que le problème albigeois soit réglé après moult rebondissements.
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Dans son livre sur l’histoire des Cathares (Histoire des Cathares : Heresie, croisade, inquisition du XIe au XIVe siecle*, Éditions Perrin 1999, 2002), Michel Roquebert écrit ceci :
« La mort, à la bataille de Muret en septembre 1213, du roi d’Aragon Pierre II … venu au secours de ses parents, alliés et vassaux spoliés ou menacés par la croisade, écarta quasi définitivement la maison de Barcelone du théâtre nord-pyrénéen, ce qui ouvrit la voie de ce dernier à la couronne capétienne. Ce n’est qu’en 1229 cependant, au bout de vingt ans de guerre, que celle-ci cueillit les fruits d’une croisade qu’au départ elle n’avait pas voulue (…).
Le traité que le comte de Toulouse, Raymond VII, fut contraint de signer à Paris, livra la moitié de ses États au domaine du roi Louis IX (…) le successeur de Raymond serait donc un Capétien (…).
La croisade albigeoise fut à coup sûr une étape importante de la formation de la France. »
C’est donc ce pays qui s’est formé au long des siècles à coups de guerres, de massacres, de ruses, de palabres diplomatiques en contournements des règles, de reniements de parole en condamnations aux bûchers ; c’est ce pays dis-je, qui prétend donner des leçons aux Israéliens en matière d’occupation soi-disant illégale !
Conclusion
Quand j’étais jeune, mon père s’amusait à prétendre que nous descendions des Hérétiques. Je lui objectais du haut de mes douze ans que si les parfaits et les parfaites étaient astreints à la chasteté, ils pouvaient difficilement avoir engendré des descendants…
Néanmoins, je ne doute pas que pendant l’occupation allemande, quand mon père qui vivait à Avignon fut envoyé dans le maquis par mon grand-père pour lui éviter le STO, il retrouva probablement la même expérience de clandestinité qu’avaient connue nos ancêtres languedociens.
Expérience qui ne l’empêcha pas, en fier patriote, de se porter volontaire pour combattre les nazis quand la France eut besoin de soldats.
Dans les années soixante, à Toulouse (je suis née au Canada, mais j’ai vécu à Toulouse), on apprenait encore à l’école à chanter l’hymne occitan : Se canto que canto, le chant de la résistance albigeoise.
Finalement, l’initiative de la France de présenter une résolution pour confirmer l’existence d’un État palestinien qui aurait Jérusalem Est incluant le Mont du Temple, pour capitale, n’est pas seulement une bourde, une absurdité et un reniement de l’histoire, c’est une initiative qui ne pourra qu’aggraver le conflit entre les Israéliens et les Arabes qui n’ont jamais accepté l’existence d’Israël.
Le président Hollande ? Mon grand-père — qui n’aimait pas Pétain — aurait dit de lui que c’est un « m’as-couillonas-quand-t’es-vis ».
Je laisse aux lecteurs de Dreuz, le soin de traduire cette expression.
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